La luminothérapie est un traitement psychiatrique proposé pour la dépression et l’insomnie. Elle consiste à exposer les yeux à une lumière d’intensité et de spectre lumineux spécifique, proche de la lumière solaire.
L’usage thérapeutique de la lumière naturelle en médecine remonte à la fin du XIXe siècle. Son effet remarquable sur la stimulation du système immunitaire et la lutte aux infections provoqua le développement des premières techniques de luminothérapie, récompensées, en 1903, par le prix Nobel de médecine remis au médecin danois Niels Ryberg Finsen.
La découverte de la pénicilline et les campagnes de vaccination massive rendirent cette approche moins prometteuse et elle finit presque par tomber dans l’oubli.
Ce n’est qu’en 1984 que l’utilisation de la luminothérapie en psychiatrie clinique fit sa première apparition pour soigner la dépression saisonnière. Cette découverte est faite par Norman E. Rosenthal et ses collègues du National Institute of Mental Health aux États-Unis.
Pendant plus de vingt ans, plusieurs chercheurs de par le monde, explorèrent cette voie pour le traitement de la dépression saisonnière, les troubles du sommeil et même la dépression non-saisonnière. Mais malgré des résultats spectaculaires, la reconnaissance de cette technique fut extrêmement longue, au point de décourager certains chercheurs. Le docteur Lam, auteur d’une vaste étude canadienne sur le sujet, déclara : « C’est une honte qu’un si grand nombre de personnes ne puissent avoir accès à la luminothérapie, cela, uniquement parce que les médecins ne connaissent pas ce traitement ».
Ce n’est qu’en 2005, après 20 ans d’indifférence mais confrontés à l’évidence de l’efficacité du traitement, que les collèges et associations professionnelles de psychiatries américains reconnaissent enfin officiellement la luminothérapie comme un traitement efficace, de première ligne, contre la dépression saisonnière et certains troubles du sommeil.
Les recherches montrent que le métabolisme de la mélatonine (hormone du sommeil) est déréglé chez les personnes souffrant de dépression saisonnière.
Chez ces individus, il est observé un taux de mélatonine particulièrement élevé durant le jour. Ceci expliquant la fatigue durant la journée. La stimulation, le matin, des cellules ganglionnaires de la rétine (photorécepteurs non-imageants) permet de bloquer la transformation de la sérotonine en mélatonine durant le jour et donc la sécrétion de la mélatonine par l’épiphyse (glande pinéale).
De plus, il y a une « reprogrammation » de l’horloge biologique permettant une sécrétion normale de la mélatonine la nuit en fonction des phases du sommeil.
Par son inhibition de la sécrétion de mélatonine, la lumière permet un réveil amélioré et une meilleure vigilance. Elle régule l’horloge biologique et améliore la synchronisation des rythmes biologiques : ce qui entraînera une meilleure forme et une meilleure énergie vitale. Elle stimule les régions de la base du cerveau et augmente le niveau de sérotonine (neurotransmetteur) qui a un effet antidépresseur et régulateur de l’appétit.
Il s’agit du spectre lumineux solaire mais sans infrarouges (IR) ni ultraviolets (UV) qui sont nuisibles pour la peau et la cornée. L’unité d’éclairement est le lux. La dose recommandée par les spécialistes du domaine est de 10 000 lux pendant 20 à 30 minutes le matin. La couleur de la lumière est généralement de 4 000 K (c’est la couleur de la lumière d’un jour de soleil).
Il est prudent d’utiliser les lampes de luminothérapie qui ont prouvé leurs effets et qui sont utilisées depuis plus de 20 ans sans dommage à long terme.
La chaleur dégagée par une lampe à lumière blanche est la même que celle d’une lampe ordinaire. Lorsqu’on utilise un tel appareil, plus la quantité de lux est élevée, moins le traitement est long. Par exemple, il faut s’exposer 30 minutes avec une lampe qui émet 10 000 lux, et 60 minutes si elle en émet 5 000. Plus on se tient loin de l’appareil, plus on doit prolonger l’exposition.
Les lampes de luminothérapie efficaces sont de grande taille, au moins 30cm de large et 35 cm de haut. Les simulateurs d’aube, de surface réduite, paraissent moins efficaces.
La dépression saisonnière, ou blues de l’hiver, se caractérise par des symptômes dits « atypiques » puisqu’ils sont différents de ceux d’une dépression standard. Ainsi, la personne a davantage le goût de manger (féculents et sucre) et de dormir. Une baisse d’énergie, des symptômes cognitifs (troubles de la mémoire, de la concentration, culpabilité, dévalorisation, etc.) et une perte d’intérêt pour les activités antérieures peuvent également être présents. Habituellement, les gens présentent ces symptômes dès l’automne et jusqu’au printemps.
Lorsque ces symptômes affectent significativement les activités quotidiennes de la personne, au point de ne plus aller travailler par exemple, il est alors question de dépression saisonnière hivernale, qui touche environ 3 % de la population. Si les symptômes sont plus modérés, il sera alors question de « déprime hivernale » ou de « blues de l’hiver », qui affecte environ 20 % de la population. Les femmes seraient plus touchées que les hommes. Selon des médecins américains, la lumière constitue un traitement de premier choix pour soigner ce type d’affection et présente l’avantage d’éviter les effets secondaires des médicaments. La dépression saisonnière est plus connue sous le nom de TAS (trouble affectif saisonnier).
Certaines études américaines proposent l’association de la luminothérapie et d’un antidépresseur. Cette association permet de raccourcir le délai de réponse de l’antidépresseur et, même dans certains cas, de diminuer le dosage des médicaments. Utilisée après le traitement antidépresseur, la luminothérapie permet d’allonger la période de « bien-être » du patient.
Pour un travail de nuit, la luminothérapie est utilisée au moment qui correspond au début de la journée de travail. Une deuxième exposition à la lumière est préconisée vers 1h du matin (moment du « coup de pompe ») et en fin de travail, la personne évitera la lumière du matin afin de mieux dormir durant la journée.
Pour un travail posté, il faut qu’il n’y ait pas de changement d’horaires sur une durée de minimum 7 jours. À ce moment-là, il faudra adapter chaque changement d’horaire de travail en se basant sur les traitements de luminothérapie préconisés dans le décalage horaire (changement de fuseau horaire lors de voyage aérien).
La luminothérapie permet de remettre à l’heure l’horloge interne du patient qui présente des décalages de phases ou des insomnies.
Avance de phase du sommeil : le patient s’endort tôt (17 h p. ex.) et se réveille tôt (p. ex. 3 h du matin). Une séance de luminothérapie vers 17 h retardera la phase de sommeil vers la nuit.
Retard de phase de sommeil : le patient s’endort tard et se réveille tard. Une séance matinale de luminothérapie recalera la phase de sommeil vers la nuit.
« Mauvais sommeil » : une séance matinale de luminothérapie améliorera le sommeil du patient tout en évitant les effets secondaires des hypnotiques (somnolence matinale, diminution de la mémoire et décapitation des phases III et IV du sommeil (phases de récupération), diminution de la libido, risques d’accoutumance et de dépendance).
La luminothérapie a été citée comme une des meilleures thérapies non médicamenteuses de l’insomnie.
Lorsqu’un individu voyage en « sautant » des fuseaux horaires, il ressent un état de fatigue ou d’éveil à un mauvais moment de la journée. Pour se remettre en phase avec le nouvel horaire du pays dans lequel il va, celui-ci a besoin d’un jour de « réadaptation » par fuseau horaire « sauté ». À titre d’exemple, un voyage France ↔ États-Unis engendre un décalage de 6 heures par rapport à l’horaire de départ. Un individu normal aurait besoin normalement de 6 jours de « réadaptation » au nouvel horaire mais, grâce à la luminothérapie, 1 à 2 jours lui suffiront. Chaque voyage devra être analysé individuellement et certaines méthodes de calcul permettent d’établir des traitements de luminothérapie différents selon le nombre de fuseaux horaires « sautés ».
Dans l’avion, boire au moins deux litres d’eau (en évitant l’alcool et le café).
Se mettre directement à l’heure de la destination : régler la montre à l’heure de la destination future et imaginer la présence sur place.
Adapter le comportement en fonction du nouvel horaire.
Pour rester éveillé plus longtemps, prendre un repas riche en protéines (viandes). Consommer des protéines, riches en tyrosine et pauvres en sucres augmente l’excitation des neurotransmetteurs dont la sérotonine et provoque l’éveil.
Pour trouver le sommeil, prendre un repas riche en glucides. Consommer des produits comme du lait riche en tryptophane (précurseur de la sérotonine) et des produits sucrés augmentant le taux d’insuline et aidant le transport du tryptophane à travers la barrière hémato-encéphalique provoquera une augmentation du taux de mélatonine.
De manière générale, la luminothérapie, par son action régulatrice sur le rythme circadien (±24h.), aura une action bénéfique sur la fatigue de la personne. Certains individus ont été soulagés de cet état de fatigue anormal par une simple exposition matinale à la lumière.
Cette fatigue intense peut « cacher » bon nombre de problèmes : dépression, maladie infectieuse, cancer… En cas de doute, il faut consulter son médecin.
Une femme sur dix environ présente un état dépressif pendant sa grossesse. Pendant la période de gestation, le médecin évite autant que possible l’utilisation de médicaments (effets tératogènes, effets abortifs…). Un grand nombre de patientes présenteront un état dépressif après l’accouchement (baby blues). Des séances de luminothérapie commencées pendant la grossesse et poursuivies après l’accouchement amélioreront l’état dépressif avant et après l’accouchement.
Le syndrome prémenstruel est un trouble applicable aux jours précédant les menstruations chez certaines femmes. Il est caractérisé par une prise de poids notable due à une rétention hydrosaline excessive, par un gonflement douloureux des seins, des maux de tête, les jambes lourdes, des éruptions cutanées ou d’herpès et par des troubles du comportement : nervosité, irritabilité, anxiété, émotivité, dépression… Cet état est dû à un déséquilibre du rapport sérotonine / mélatonine. La lumière peut rétablir cet équilibre. Une simple luminothérapie quelques jours avant l’apparition habituelle de ces symptômes est préconisée.
Les personnes âgées présentent souvent des avances de phase du sommeil : la personne s’endort tôt et se réveille tôt. Ce qui augmente les risques d’accident des personnes âgées qui se relèvent la nuit. Une exposition à la lumière vers 17 h retardera l’apparition du sommeil et décalera ainsi la phase de sommeil vers la nuit.
Beaucoup d’hypnotiques présentent de nombreux effets secondaires notamment des effets négatifs sur la mémoire, sur l’équilibre, ils diminuent la vigilance, ils provoquent des effets de sédation nocturne mais aussi diurne, ils ont un effet dépressif et provoquent une dépendance et une accoutumance. La luminothérapie ne présente pas ces inconvénients et est certainement très bien placée pour remplacer ou, en tout cas, diminuer les hypnotiques.
Les états compulsifs alimentaires tels que la boulimie et l’anorexie peuvent être améliorés par une séance matinale de luminothérapie.
Dans les prises de poids, la luminothérapie pourra venir en aide dans le sens où elle diminue les appétences pour le sucre. Ces compulsions alimentaires sont plus souvent présentes au début de l’automne et pendant toute la période automne – hiver. Cet attrait pour le sucre est dû à un manque de sérotonine. En mangeant du sucre, l’augmentation du taux d’insuline permet un passage plus aisé du tryptophane (précurseur de la sérotonine) au niveau de la barrière hémato-encéphalique. Ce réflexe peut être compris comme un réflexe de régulation interne.
« La nuit appelle l’alcool » : une étude montre que des rats soumis à une nuit totale préfèrent boire de l’alcool que de l’eau. La luminothérapie peut s’avérer très utile dans les sevrages alcooliques. On peut remarquer que les rechutes dans l’alcoolisme sont plus fréquentes pendant la période automne – hiver. Spécialement pendant cette période, une séance matinale de luminothérapie administrée à ces patients les aidera à prévenir les rechutes. Par son effet stabilisateur sur le sommeil et sur la composition de celui-ci, la lumière utilisée pendant le sevrage alcoolique trouvera une place de choix en complément avec les traitements conventionnels.
La lumière étant dépourvue d’ultra-violets et d’infrarouges, la luminothérapie est a priori dépourvue d’effets secondaires. De légers maux de tête et de l’insomnie sont parfois observés, surtout en début de traitement. Une diminution de la durée d’exposition et un espacement plus important des séances feront disparaître ces petits inconvénients. Il faudra être prudent chez les personnes sensibles à la lumière, soignées aux sels de lithium ou aux tétracyclines.
La prudence est de règle chez les gens souffrant de maladie bipolaire qui ne feront pas de luminothérapie en dehors d’une surveillance médicale parce qu’il y a un risque de déclencher un état maniaque. Ce risque est encore plus élevé si le patient a tendance à prolonger les séances de luminothérapie. On conseille des séances de 10 minutes pendant les phases dépressives et un arrêt du traitement dès l’amélioration des symptômes.